Les mille et une pensées
Date de sortie : 13 août 2008
Réalisateur : Christopher Nolan
Casting : Christian Bale, Heath Ledger, Aaron Eckhart…
Genre : Action, Thriller, Drame
Batman the dark knight

« Soit on meurt en héros, soit on vit assez longtemps pour se voir endosser la peau du méchant »
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Commencer une analyse sur ce film n’est pas une mince affaire. Déjà parce que bon nombre de personnes se sont déjà attelées à le commenter, à le critiquer ou simplement à décortiquer les moindre petits éléments de la trilogie pour expliquer le scénario.
Le personnage du Joker ici brillamment interprété par Heath Ledger, est loin d’être un méchant ordinaire. Au premier abord il semble être intéressé par l’argent puisqu’en effet on le voit braquer une banque, passer un marché avec la pègre, mais dans le fond, la seule chose qui lui procure réellement du plaisir et lui fasse envie n’est autre que répandre le chaos dans tout Gotham City. Sa motivation ? L’amusement. Sinon, à quoi bon brûler les millions de dollars récoltés. Je me suis longtemps interroger sur l’éventuelle pathologie que pourrait avoir le Joker. Mais finalement, en a-t-il réellement une ?
Je pense que l’on peut s’accorder à définir le Joker comme une personne atteinte de folie, mais il n’est pourtant pas en plein délire, ni en train d’halluciner. Le moindre de ses gestes est habilement calculé et il anticipe divinement bien les actes des autres. Lorsque le Joker rejoint Harvey Dent (Aaron Eckhart), il souligne même le fait qu’il ne suit jamais un plan, au sens où ses actes ne suivent pas une démarche logique, aboutissant à un objectif. Il agit de façon à se divertir, qu’importe le reste.
Son personnage me semble par ailleurs très porté sur la psychologie et la sociologie. Il connaît l’être humain et tout ce qui le compose, d’où sa capacité à anticiper les actions des uns et des autres.
Pour illustrer mes propos j’aimerai revenir sur la dite « expérience sociologique » du Joker vers la fin du film. Je vous repose le contexte. Deux bateaux, se faisant face et tentant de fuir Gotham. L’un est rempli de prisonnier, l’autre de citoyens lambda de la ville. Chacun se trouvant soumis à la même règle. Les deux bateaux sont équipés d’explosifs, chacun dispose du détonateur de l’autre. Ils ont jusqu’à minuit (leur laissant environ une vingtaine de minutes), pour appuyer sur le bouton et faire exploser l’autre bateau. Dilemme sacrément dure à encaisser pour tous les passagers. Ainsi le Joker s’amuse à jouer avec la volonté des gens, avec leur instinct de survie. Dans cette scène je ne pense pas qu’il est réellement prémédité la réaction générale, mais en revanche, je soupçonne le personnage d’avoir vraiment voulu savoir quel résultat cela allait donner. Est-ce que les prisonniers, voleurs, assassins, et autres malfrats allaient sans une once d’état d’âme tuer tous ces citoyens innocents ? Ou bien est-ce que les citoyens de Gotham allaient décider de tuer impunément tous ces bandits de l’autre côté puisqu’ils ne valent pas mieux qu’eux ? Je ne pense pas que le Joker se serait basé sur de vulgaires préjugés pour échafauder son plan, mais vraiment pour un intérêt sociologique et bien sûr, par amusement.
Le phénomène qui a lieu lors de cette scène est plus couramment appeler le « dilemme du prisonnier ». Le contexte de ce dilemme est différent de celui de la scène dans Batman et pourtant, si proche. En effet, le « dilemme du prisonnier » met en scène deux prisonniers ayant commis un délit. Chacun est interrogé individuellement par un policier et soumis à la même règle : chacun des deux peut décider de garder le silence ou bien dénoncé son complice. Aucun d’eux n’a idée de ce que l’autre peut avoir répondu. Autrement dit, les deux vont adopter la même stratégie de raisonnement. Soit l'autre ne le dénonce pas (stratégie coopérative) soit il le dénonce (stratégie agressive) Ainsi, si l’autre ne le dénonce pas, il a tout intérêt à le dénoncer afin d’être libre (ce qui semble être l’option la plus avantageuse). Pour remettre ce « dilemme du prisonnier » dans le contexte de notre scène dans Batman the Dark Kight, considérez que les deux prisonniers sont représentés par les populations de chaque bateau. Le dilemme n’est pas de dénoncer ou non l’autre, mais de faire exploser ou non l’autre. Si l’un des bateaux ne fait pas exploser rapidement l’autre, ce dernier aura alors tout intérêt à appuyer sur le détonateur afin de survivre. J’ai trouvé brillant l’habilité avec laquelle Christopher Nolan s’est servie des personnages pour appuyer la réponse coopérative dans le cadre de ce dilemme. L’homme qui semble être le plus imposant des prisonniers, le plus grand, le plus fort, le plus intimidant, s’avère être aussi le seul ayant eu le cran de décider du sort de tous, et de refuser de se soumettre à la règle du Joker. Tandis que de l’autre côté, l’un des citoyens semblaient plus que décider à faire exploser le bateau voisin, sans scrupule, pour sauver sa peau puisque lui méritait de survivre, jusqu’à ce qu’il comprenne qu’en agissant ainsi, il ne vaudra pas mieux que ces hommes emprisonnés.
Outre son intérêt pour la sociologie, l’amusement du Joker passe aussi et avant tout par son sentiment de grandeur et de supériorité. La simplicité avec laquelle il utilise chaque individu lui permet de prendre le pouvoir parmi les criminels de Gotham. Revenons en arrière dans le film. Revenons même à la première scène du film pendant laquelle le Joker braque une banque en appliquant une fois de plus un stratagème astucieux. Plusieurs complices étaient nécessaires à la réalisation du braquage, chacun ayant individuellement reçu pour consigne de tuer un complice une fois la mission de ce dernier achevée. Une fois ce plan mit à exécution, il n’en restera plus qu’un : le Joker. La seule raison qui fait que ces complices ont lâchement exécuté les ordres du Joker et ce, sans poser de question se trouve être l’argent. Motivé par l’argent, les individus peuvent être amenés à faire toute sorte de chose.
« Pour peu que certaines conditions soient réunies, nous sommes tous disposés à nous montrer obéissants » (P. Chekroun).
Finalement, ce qui nous intrigue le plus chez le Joker, c’est simplement sa personnalité. M. Reuchlin (1992) définit la personnalité comme une « caractéristique relativement stable et générale de la manière d’être d’une personne, dans sa façon de réagir aux situations dans lesquelles elle se trouve ». On distingue en psychologie deux types de personnalité. Celle dite « normale » qui correspond à des caractéristiques adaptées à l’environnement et satisfaisantes pour la personne. Ou encore celle dite « pathologique », induisant souffrance et inadaptation sociale. Alors je veux bien admettre que socialement, le Joker n’est pas très insérer. Cependant je ne pense pas qu’on puisse réellement admettre qu’il souffre de quoi que ce soit. Ma vision des choses reste pourtant totalement interprétative et donc variera d’une personne à une autre.
Il existe pleins d’outils psychométriques pour évaluer la personnalité d’une personne, et l’on dit même que ce qui est pathologique c’est l’intensité avec laquelle sont vécus les traits de personnalités de l’individu.
Lorsque je regarde Batman the Dark Kight, je ne vois pas un homme qui souffre, je ne vois pas non plus un homme délirant, ce que je vois, c’est un homme qui s’ennuie, un homme seul, un homme qui a désespérément besoin d’attention et d’occupation.
Ce que je trouve intéressant dans ce film, c’est l’interprétation que Nolan a fait du personnage du Joker, qui en effet, est loin d’être la même dans toutes les histoires racontant les aventures de Batman (anciens films, bandes dessinés ou dessins animés confondus). Dans ce film, on ne sait pas d’où vient le Joker, ni qui il est réellement. On ne sait pas non plus pourquoi ce déguisement, pourquoi ces cicatrices ? Le Joker en donne des explications différentes pendant le film. Nolan garde ainsi le secret du passer du Joker.
